Un derviche fut un jour invité chez un roi. Lorsqu'ils s'assirent à table, il affecta de manger très peu et quand ils se levèrent pour la prière, il la fit plus longue que de coutume, pour donner une haute idée de sa piété.
»Hypocrite, tu n'arriveras jamais à la Ka’ba
Le chemin que tu suis ne conduit qu'en Turquie!»
De retour chez lui, le derviche pressé par la faim, demanda la nappe pour manger: «Eh! Quoi, mon père, n'avez-vous pas mangé au festin du roi? lui dit son fils, qui ne manquait pas d'esprit.
— Non, répondit-il, en sa présence, je n'ai qu'à peine goûté aux mets.
— Si c'est ainsi, reprit le fils, vous pouvez recommencer aussi vos prières: qu'étaient vos simagrées pour votre vie future?»
»Ô toi qui as tendu dans ta main tes mérites 
Et qui vas en cachant tes défauts sous ton bras 
Sache, faux monnayeur, trompeur, illusionniste: 
L'or de mauvais aloi n'aura pas cours plus tard.»