Sohrãb Sepehri et le nouveau regard sur la vie et la mort
Mahnãz Rézai
Sohrãb Sepehri (1928-1980), est l’un des poètes contemporains Iraniens qui a abordé les thèmes de la vie et de la mort tout au long de son œuvre. Son point de vue optimiste mêlé d’épicurisme permet au poète de représenter la vie comme "une coutume agréable"1 dont il faut jouir. Il ne cesse de répéter que la vie, que certains tiennent pour un système compliqué et difficile à saisir et à définir, est une réalité très simple: "La vie, c’est de laver une assiette" 2.
Ce qui distingue Sepehri de ses poètes contemporains est, selon l’expression de Sirous Shamisã, "la philosophie de jeter un nouveau regard sur le monde"3, incluant notamment la conception de la vie et de la mort. Cette philosophie, toujours écrite à l’impératif: "il faut voir autrement"; "il faut toujours marcher avec un nouveau souffle".
Sepehri ne cherche point la signification profonde des choses. Il est conscient de l’impossibilité de saisir le mystère de la vie, mais il n’insiste pas d’une manière "pessimiste" tel Pascal, par exemple, sur l’impuissance de la raison et la faiblesse de l’homme dans sa quête de la vérité. Il a cru que "notre affaire n’est pas de connaître le mystère de la rose", mais "de contempler son charme" 4.
Ainsi il nous invite à voir les éléments simples de la vie, à jouir d’"un pain chaud", d’"une pomme". Au travers d’une fusée dans l’espace, il cherche à "toucher la solitude de la lune. Rêver de sentir la fleur d’une autre planète" 5.
Pour lui, la vie est quelque chose qu’il faut "voler". Face aux atrocités de la vie, loin d’être découragé, le
poète influencé par le bouddhisme et par le principe de dualité
6, évoque que naturellement, les forces du
bien et du mal se partagent l’
univers.
A l’image de son maître, Bouddhã, qui déclare "la vie de l’homme est dans la douleur"7, il écrit :
"Ma mère disait un matin: comme cette saison est triste!
Je lui ai dit: la vie, c’est une pomme qu’il faut mordre avec la peau".8
Notes:
[1] SEPEHRI. Sohrãb, Huit livres, Téhéran, Tãhouri, 1378 (1999), P.289.
[2] Ibid, p.29.
[3] SHAMISA. Sirous, Un regard sur Sohrãb, Téhéran, Morvãrid, 1376 (1997), p.96.
[4] Op. cit. p.298.
.کار ما نیست شناسایی راز گل سرخ / کار ما این است که در افسون گل سرخ شناور باشیم
[5] Ibid, p.290.
[6] Dualité: chez les anciens Aryens, le bien et le mal avait chacun leur propre principe. (…) Ahriman, principe du mal, est éternellement en train de lutter contre Ahourã Mazdã, le principe du bien. L’espace en est quelque part entre ciel et terre. (…) Les ténèbres se trouvent à côté de la lumière. De la même façon, la vie se trouve à côté de la mort. (Yãhaghi, P.197)
[7] ÉMAD. Hodjat, Sohrãb, Sepehri et Bouddhã, Téhéran, Farhanguestãn Yãdvãreh , 1377 (1998), P.13.
Source: www.teheran.ir
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