Cheminées
Les cheminées en haut des terrasses
poussent un soupir du fond du cœur
De leur bouche couleur de goudron
les fumées volent vers le ciel comme un corbeau
Les cheminées, l’une rouge, l’autre bleue
contiennent des fumées, l’une noire, l’autre blanche
Ces fumées toutes muettes
racontent des histoires qu’on n’entend pas
L’une raconte les repas copieux des riches
histoire d’abondance et de respect
L’autre raconte la cuisine des pauvres
histoire de misère et de besoin
L’une se dégage d’un château
dont les chats et chiens mêmes vivent dans le confort
L’autre s’élève d’une ruine
dont même les enfants ont un cœur chargé de douleur
L’une nous invite au sein d’un paradis verdoyant
pour y voir la joie et l’ivresse infinies
L’autre nous invite dans une maison modeste
pour y percevoir le sens de la misère
Les oreilles fermées, la bouche fermée
elles volent vers le ciel et y disparaissent
Le ciel lui-même en a trop entendu
cette histoire de la misère et du besoin 1
Note:
[1] Selon les critiques, dans ce poème, le style Pejmãn ressemble à celui de William Blake, peintre et poète britannique.
Hussayn Pejmãn Bakhtiãri
Source: Teheran.ir