Hivã Massih
Article de Rouhollãh Hosseini publié dans la Revue de Téhéran en mai 2007.
Au nom du Dieu des eaux, des jardins et des pommes
… Alors
Je te parlerai
Du poème qui vient
Pour que tu ouvres la fenêtre
Pour toujours
Que tu emportes dans ta chambre
La lune
Et mon poème
Qui vient du silence du monde…
Ainsi commence la vie: par une fenêtre ouverte par où entre la lune. Mais hélas! Nous vivons une époque où les hommes se tiennent debout très loin d’eux-mêmes; personne n’entend la voix de la solitude des rideaux, lorsqu’on les ferme doucement, et derrière restent seuls la chambre et l’homme. Cette fenêtre n’a rien d’ordinaire, car elle connaît bien les gouttes fines de la pluie. Et cette voix est la plus silencieuse du monde.
Il faut seulement apprendre à écouter, à regarder autrement les choses; "il faut laver les yeux", nous conseille encore, et si joliment,
Sépehri.
Hivã Massih, en disciple fervent de Sohrãb, adhère, certes avec un style qui lui est propre, au mysticisme de son maître, à son culte de la simplicité et à son amour pour la nature. Mais son œuvre est surtout et profondément marquée par les rêveries de l’enfance.
En effet, Massih ne cesse d’évoquer le bonheur du monde de l’enfance; d’où le titre d’un de ses ouvrages: J’ai peur d’un monde sans enfant. La pluie et la lune ainsi que "le parapluie que je tiens à la main jusqu’à la fin du monde" constituent d’autres thèmes dominants dans le texte du poète.
Né en 1965, Hivã Massih a commencé sa carrière d’artiste par la peinture, pour passer au théâtre et ensuite à son art de prédilection, la poésie. Dans ses textes, poésie et prose sont étroitement associées, entrelacées. Parmi ses œuvres, Je suis le fils de toutes les mères de la terre, Toujours, jusqu’à je ne sais quand et Le berger qui lavait les mains de Dieu, méritent tout particulièrement d’être citées.
La veille
Je me brouillai avec le monde
Au ciel je tournai le dos
Mes épaules ne purent cependant supporter
Le regard lourd de la lune et des étoiles
Qui me fixaient de derrière les nuages
Je ne savais auprès de qui m’épancher
Ni même que dire.
Source: Teheran.ir