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  • 30/6/2016
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 la guerre des 33 jours contre le Liban et le Hezbollah

israël

 

Eté 2006 : Israël tente de démanteler le Hezbollah en bombardant le Liban. Quelles enseignements les spécialistes tirent-ils de cette guerre ?

 

Le 12 juillet 2006, le gouvernement israélien initiait la guerre des 33 jours contre le Liban et le Hezbollah. Cette guerre éclair pose un problème inédit : elle questionne la notion classique des guerres asymétriques, ces confrontations opposant des États lourdement armés à des milices, à l’exemple des insurrections auxquelles sont confrontés les États-Unis et leurs alliés en Irak et en Afghanistan. Plusieurs ouvrages ont analysé ce conflit. Si celui de Frank Mermier et Élisabeth Picard est le mieux documenté, l’ensemble permet de faire un état des lieux de la situation au Proche-orient.

 

Échec aux théories militaires occidentales

 

Dans le cas libanais, la nouveauté se trouve dans l’échec flagrant et immédiat des théories militaires en vogue en Occident, notamment aux États-Unis, qui veulent qu’une supériorité technologique avérée garantisse la victoire. En un mois de bombardements, Israël a échoué dans tous ses objectifs, comme le soulignent Gilbert Achcar et Michel Warschawski dans La Guerre des 33 jours. Les buts israéliens, diagnostiquent les observateurs, n’ont pas été atteints par suite d’une méconnaissance de l’ennemi.

 

Qu’en est-il de ces objectifs déclarés ?

 

• La libération de deux soldats enlevés par le Hezbollah, prétexte initial à l’entrée en guerre d’Israël : ils sont aujourd’hui toujours prisonniers.

 

• La sécurisation du nord d’Israël : le Hezbollah a conservé intacte sa capacité opérationnelle du début à la fin du conflit, ripostant sans cesse par des tirs de missiles sur le sol israélien.

 

• La maîtrise du territoire du Liban-Sud : la résistance de la milice libanaise a désorienté l’armée israélienne, et ce combat fait désormais référence pour les autres organisations armées islamistes.

 

• Le retournement de la population libanaise contre le Hezbollah : en infligeant au pays du Cèdre un châtiment collectif, réduisant en gravats l’essentiel des efforts de reconstruction de ces dernières années, les politiques israéliens semblaient croire qu’ils couperaient le Hezbollah de la population libanaise. Pari perdu : toutes confessions confondues, les Libanais sont venus en aide aux déplacés, majoritairement chi’ites. Cela a créé un transitoire sentiment d’appartenance nationale, qui n’a pas pour autant résisté au fort clivage politique qui scinde le pays entre pro-syriens et libéraux.

 

• L’anéantissement du Hezbollah : pour Israël, le Parti de Dieu (traduction littérale de Hezbollah) se résume à une organisation armée soutenue par l’Iran, susceptible d’être démantelée par la force. C’est négliger que le Hezbollah est d’abord une formation sociétale qui fédère une part importante des chi’ites, qui comptent pour près de la moitié de la population libanaise. C’est aussi un parti politique nationaliste, dont les élus siègent au Parlement libanais. C’est enfin un conglomérat d’organisations caritatives et entrepreneuriales très efficaces. Ses services se substituent à ceux de l’Etat défaillant en finançant la reconstruction des immeubles, en assurant l’accès aux soins médicaux et aux infrastructures (eau, voirie, électricité…). Son action ouvre la voie de la modernité à de larges pans de la population défavorisée du Liban. La réédition du livre des journalistes Walid Charara et Frédéric Domont, Le Hezbollah. Un mouvement islamo-nationaliste, constitue un bon état des lieux de ces différentes facettes de l’organisation. Pour toutes ces raisons, il reste inenvisageable de désarmer le Hezbollah tant que le Liban demeurera un lieu de règlements de compte à l’échelle internationale. Car la guerre des 33 jours peut aussi s’appréhender comme un des épisodes, en champ clos et par le biais de forces sponsorisées, de l’affrontement entre États-Unis et Iran pour le leadership au Moyen-Orient. Une majorité de chercheurs estiment qu’Israël, soutenu par les États-Unis au nom de la lutte contre l’« axe du mal », et le Hezbollah, qui doit à l’Iran une part non négligeable de ses ressources en armes et finances, restent sur un précaire statu quo.

 

source: http://www.scienceshumaines.com

 

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