La démocratie et la démocratie islamique dans l’optique du Guide suprême
Première partie : la démocratie religieuse
Qu’est-ce que la démocratie et la démocratie religieuse ?
La démocratie signifie que l'opinion du peuple est le critère pour déterminer les méthodes politiques de gestion et de gouvernement d'un pays. La démocratie signifie que le système politique et ses représentants doivent venir du peuple. Un véritable système démocratique se trouve là où convergent les décisions du peuple, ses émotions, sa foi et le discernement de ses intérêts.
Les deux faces de la démocratie
La démocratie a deux faces. Une exige l'établissement d'un système politique fondé sur les souhaits et la voix du peuple. C'est le peuple qui doit, directement ou indirectement, élire le gouvernement et ses principaux responsables. Les gens doivent pouvoir décider, connaître et choisir librement pour qu'il s'agisse d'un devoir religieux. Ils n'ont aucune obligation sans ce pouvoir d'identification, de connaissance et de volonté. L'autre face est que les responsables du gouvernement une fois élus, ont des responsabilités sérieuses envers le peuple.
Le sens de la démocratie religieuse
La démocratie religieuse consiste à créer un lien entre la religion divine et le vote, les croyances, la foi, les désirs et les sentiments des gens. Comme nous nous considérons comme des serviteurs de Dieu, nous demandons à Allah le Glorifié, de nous aider à parcourir le chemin des justes :
"C’est Toi (Seul) que nous adorons. Et c’est Toi (Seul) dont nous implorons secours. Montre-nous le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblés de grâce » Coran 1:5-7
Suivre le chemin des serviteurs pieux et des élus de Dieu est égal au serment d'allégeance à celui qui gouverne la communauté islamique et est aussi un serment d'allégeance à la foi, à la religion et à la spiritualité. Il ne s'agit pas d'une résignation devant une personne ni de céder aux caprices d'un individu particulier. En Islam, le pouvoir appartient à la religion qui accorde une attention au salut de tous. C'est une responsabilité qui doit être aussi assumée par les êtres humains.
Le fondateur d'une juste démocratie
La démocratie appartient à l'islam. C'est l'islam qui a donné une définition appropriée et logique de la démocratie. Tous les musulmans, hommes et femmes, sont allés voir le Saint Prophète (SAWA) et lui ont prêté serment d'allégeance. A cette époque, les femmes ne bénéficiaient pas d'une bonne position dans la société. Les femmes avaient été gardées en arrière en Arabie. Même dans l'empire iranien et l'empire romain, les femmes n'étaient pas autorisées à s'exprimer et à montrer leurs capacités. Mais le Saint Prophète (SAWA) a obéi à Dieu seul :
«Prophète, lorsque les croyantes viennent prêter serment d’allégeance qu'elles n’associeront rien à Allah ...." Coran 60:12
Allah le Tout-Puissant, a dit au Saint Prophète (SAWA) que les femmes croyantes qui lui prêtaient serment d’allégeance, devaient respecter certains principes comme les croyants. Les hommes et les femmes sont allés ensemble auprès du Saint Prophète (SAWA) pour lui prêter serment d’allégeance. Les cœurs et les volontés se sont réunis et le monothéisme s'est révélé dans cette alliance entre le Prophète (SAWA) et les croyants. Il est vrai qu’ils aimaient le Prophète (SAWA) mais la personne du Prophète (AS) ne comptait pas ici.
Les raisons de l’affinité entre le peuple et les dirigeants dans une société islamique
En Islam, les individus n'ont pas d'importance. Personne ne doit appeler le peuple à suivre ses volontés. Sans valeur spirituelle, personne ne mérite amour, affection, dévouement et amitié. Les musulmans dès le début, ont pris cette habitude et il en est de même aujourd'hui. Les musulmans font preuve d’affection et d’amour et éprouvent des sentiments sincères seulement envers ceux qui leur semblent attachés au centre des valeurs spirituelles c'est à dire l'Islam. Il en était de même à l'époque du Prophète (SAWA) et c'est pourquoi les musulmans de son époque, se sont réunis autour de lui en l’appréciant du fond du cœur. Ceci est la véritable démocratie.
La réforme des responsables du gouvernement
Aujourd'hui, la démocratie religieuse est le meilleur système pour la réforme du comportement, des démarches et de l’attitude des responsables du gouvernement. S'adressant à Malek-al-Ashtar, le Commandeur des Croyants, l'Imam Ali (as) dit :
«Ne te vante pas des faveurs et des actes que tu as faits pour tes sujets et n’essaie pas de leur faire comprendre cela, n’exagère pas au sujet du bien que tu as accompli envers eux et ne leur donne pas de promesses que tu ne vas pas tenir car se vanter annule les bien faits, exagérer les bonnes actions ternit la Vérité et rompre ses promesses est détesté à la fois par Allah et par le peuple» Nahjul Balaghah Lettre 53
Le Commandeur des Croyants (AS) nous explique qu'une personne qui rappelle sans cesse ses bienfaits ne recevra aucune récompense et que l'exagération des bienfaits nuit à la vérité car elle amène les gens à ignorer les éléments de vérité qu'elle contient. Ne pas tenir ses promesses est un péché et est un acte réprouvé par Dieu et le peuple, comme le dit le saint Coran :
« C'est une abomination auprès de Dieu que de dire ce que vous ne faites pas» Coran 61:3
Le Commandeur des Croyants (AS) poursuit : « Quand tes affaires personnelles ou celles de tes parents et amis sont en jeu, prends garde de ne pas violer les obligations prescrites par Allah et les droits du peuple» L'Imam Ali (AS) demande à Malek-al-Ashtar d'éviter les injustices quand il s'agit de ses amis et de ses parents, et de ne pas leur accorder de privilèges. Si un fonctionnaire du gouvernement accorde des facilités ou des ressources financières à un groupe de personnes parce qu'ils sont ses amis ou ses proches, son action est contraire aux principes démocratiques. Il ajoute : «La meilleure politique est celle de la modération dans les affaires de justice, une politique qui se fonde sur l'intérêt général est appréciée par tout le peuple» Il demande ainsi à Malek-al-Ashtar d'éviter les extrêmes, de ne pas faire preuve de sévérité ni de laxisme, et d’instaurer une justice qui bénéficie à la majorité des gens et non à un groupe de puissants et de riches.
Le Commandeur des Croyants (AS) à ce propos, fait remarquer : « Rappelle-toi que le mécontentement des gens ordinaires au profit de l'agrément d’un groupe l’emporte sur cet agrément, tandis que le mécontentement d’un groupe au profit de l’agrément public sera excusé par Dieu» Il demande ainsi à Malek-al-Ashtar de ne pas tenir compte des intérêts et de l’agrément d’un groupe de la société, à savoir les puissants et les riches, mais plutôt d’agir de manière à attirer l’agrément du peuple, peu importe si les puissants et les riches sont mécontents, car cela sera pardonné par Dieu.
La légitimité des systèmes politiques en islam
L'essence de la démocratie religieuse exige que le système politique d'une société soit géré par la volonté divine et la volonté du peuple. En Islam, les gens ne sont qu'un des piliers de la légitimité et non le seul pilier. En islam, un système politique doit respecter les revendications et les voix du peuple, mais également respecter la piété et la justice. Si un dirigeant élu ne respecte pas la piété et la justice, son autorité n'est pas légitime d'un point de vue islamique, même si tout le monde ou la majorité ont voté pour lui.
L’Imam Hussein (as) dit à ce propos :
« Le gouverneur d’une communauté islamique n’est légitime que s'il exerce la justice»
L'autorité d'un dirigeant qui ne respecte pas la justice n'est pas légitime, peu importe qui l’a investi ou élu.
La base de la démocratie en islam
Le point essentiel que j'ai souligné à maintes reprises, est que dans la République islamique, le caractère islamique n'est pas séparé du caractère républicain. L'aspect républicain et démocratique de la République islamique s'enracine dans l'islam. Dans un régime appelé «République islamique», il n'est pas possible d'ignorer le peuple. L'islam est la garantie du droit du peuple à élire et à choisir. La démocratie religieuse est donc basée sur une philosophie et un fondement idéologique précis et islamique. La démocratie religieuse et la charia divine exigent qu'un gouverneur soit reconnu par le peuple pour pouvoir gouverner.
Pourquoi le choix des gens est-il si important ? Parce que dans la pensée islamique, l'être humain est une créature digne et que son choix est précieux pour Allah, le Tout-Puissant.
Dans l'Islam, aucun gouvernement n'a le droit de gouverner sans avoir été choisi par Allah, le Tout-Puissant.
En jurisprudence islamique, nous sommes toujours à la recherche de l'existence d'une justification religieuse pour un modèle de wilayat (autorité) comme celle du dirigeant, du juge ou du croyant.
Pourquoi ? Parce que l'hypothèse de base est que rien ne justifie la wilayat sauf preuve du contraire. C'est la logique islamique.
La wilayat n'est acceptable que lorsque la charia l’a approuvée et l'approbation de la charia dépend des qualifications de la personne qui en accepte la responsabilité, et qui doit être juste, pieuse et accepté par le peuple. C'est la logique de la démocratie religieuse, qui est une logique extrêmement ferme et profondément enracinée. Un croyant peut accepter totalement cette logique et la pratiquer, il n’y a aucun doute à ce sujet.
Le caractère sacré de la démocratie
La véritable démocratie, la liberté et le vote du peuple sont sacrés. Pourquoi ? Pas à cause d'une quelconque philosophie libérale mais parce qu’Allah le Tout-Puissant, est notre Créateur et le Maitre de notre vie.
«Tous les gens sont libres. »
Le Commandeur des Croyants (as) dit :
«Ne sois l'esclave de personne car Allah t’a créé libre»
C'est ce qu’Allah le Tout-Puissant, a dit et lorsque le Commandeur des Croyants (AS) dit quelque chose cela vient aussi de Dieu. Il en est de même pour les propos du Prophète (SAWA). Leurs paroles sont des preuves décisives. Le deuxième calife (Omar) a dit à un de ses subalternes : « Vous avez réduit des gens en esclavage alors que Dieu les a créés libres». Ceci est le fondement et la logique de la véritable démocratie. L'exemple le plus important de la liberté est de pouvoir choisir son destin et c’est la base fondamentale de la démocratie.
La compatibilité entre l'adoration de Dieu et la démocratie
La démocratie religieuse a présenté un nouveau plan d'action à l'humanité pour la sauver des maladies des systèmes fondés sur la dictature d’individus ou de partis, ou sur l'influence des riches et des gens malhonnêtes. Ce plan d'action vise à sauver l'humanité du bourbier du matérialisme, de la recherche unique du plaisir et de l’absence de spiritualité, et à mettre un terme à l’incompatibilité et la fausse contradiction entre l'adoration de Dieu et la démarche démocratique.
En termes de croissance, de permanence et de réalisation de ses objectifs, ce nouveau modèle est une preuve convaincante pour tous les systèmes qui au nom de l'humanisme, ont séparé les gens de Dieu et de la spiritualité, ou au nom de la démocratie sous diverses formes, les ont dominés.
Dans la culture islamique, les meilleures personnes sont celles qui sont les plus utiles. Contrairement aux démocraties hypocrites et démagogiques, la démocratie religieuse est un régime qui veut rendre des services sincères dans le cadre de ses responsabilités, et de façon désintéressée et honnête.
source: http://french.khamenei.ir