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Nãssereddin Shãh et la France

nãssereddin shãh

   Nãsser, quatrième roi qãjãr, est né en juillet 1831, près de Tabriz. Il se proclama roi en 1848, alors qu’il n’avait que 17 ans. Il quitta alors la gouvernance de l’Azerbaïdjan pour Téhéran. Son règne est marqué par un intéressant renouveau culturel et intellectuel. Ce mouvement se manifeste notamment par son ouverture à la France et il y trouve même sa source: ayant voyagé plusieurs fois en Europe [1], il encouragea l’apprentissage de la langue française. Par la suite, un mouvement littéraire porteur de l’aspiration des femmes à l’émancipation se forma.

A l’époque de Nãssereddin Shãh, l’Iran avait davantage de contacts avec l’Occident, les missionnaires qui entrèrent alors dans le pays ne furent pas seulement auteurs de lettres contribuant à faire connaître l’Orient, mais ils ouvrirent également des écoles. L’éducation jouera un grand rôle dans l’éveil intellectuel de la population et provoquera des protestations. [2] De plus, la fréquente publication de divers ouvrages occidentaux contribua sans doute à modifier les modes de pensées. [3]

   Les premières tentatives de modernisation du pays commencèrent donc sous le règne de Nãssereddin Shãh. Au début de son mandat, il fut épaulé par son premier ministre Mirzã Mohammad Taghi Khãn, plus connu sous le nom de Amir Kabir. Ce dernier apporta de grandes avancées dont les plus notables sont: la réforme du système fiscal, le renforcement de l’administration, l’encouragement du commerce et de l’industrie et la réduction de l’influence du clergé chiite. En outre, il fonda Dãr-ol-Fonoun, premier établissement d’enseignement supérieur en Iran. Il a le mérite d’avoir mis en ordre un gouvernement quelque peu chaotique, et réprima sévèrement les révoltes des Babis et des Dawalu [4]. Il fut cependant exécuté en janvier 1852, suite à un complot orchestré par la mère du souverain et certains fonctionnaires mécontents.

   Lors d’un différent au sujet des Britanniques qui l’empêchèrent de s’emparer d’Hérat, Nãssereddin Shãh supprima le poste de premier ministre qu’il tenait pour responsable de cet échec et entendit exercer directement son contrôle sur l’Etat. En 1871, Moshir-od-Dowleh reprit à nouveau ces fonctions et poussa le Shãh à s’ouvrir à l’Europe. Effectivement, il avait étudié en France, et avait par la suite été ambassadeur à Istanbul. Pour ses réformes administratives, militaires et judiciaires, il s’inspira donc des Tanzimat ottomanes. Il réussit même à convaincre le souverain de voyager en Europe. Sous son influence, le Shãh décida d’apprendre la langue française à son tour et approfondit sa connaissance en littérature et en histoire de l’Occident. Il se passionna également pour la peinture occidentale et l’archéologie, comme en témoigne le Musée Royal [5] qu’il créa au sein du palais du Golestân.

Au sein du sérail, ses concubines étaient même vêtues de jupons courts en soie, velours ou brocard. [6] Cette mode singulière fut introduite en Perse par la mère du souverain à qui l’on avait montré une gravure représentant un ballet. Plus la jupe était courte, plus la personne qui la portait était importante. Les jambes et les pieds étaient nus et des mules à talons complétaient cette tenue vestimentaire.

   Peu à peu, il rendit l’apprentissage de la langue française obligatoire dans quelques écoles, et il existait quelques écoles francophones, qui, tout en ayant des accords avec les puissances étrangères, ne dépendaient pas d’elles. [7] Cet attrait pour le français n’était pas innocent, on était également attaché aux valeurs véhiculées par cette culture, même si ce n’était qu’un timide frémissement parcourant la société iranienne. Pour la France, c’était une occasion d’accroître son influence dans la région. Nous relevons donc ici un paradoxe intéressant: dans ce cadre de tentatives de domination étrangère, les premiers mouvements d’émancipation commencent à naître.

Notes

[1] Salesse, Bernadette, Journal de voyage en Europe du Shãh de Perse, p. 5.

[2] Demers, Pierre, Elever la conscience humaine par l’éducation, 160 p.

[3] Mo’tazed, Khosrow, Az Forough o-Saltaneh tã Anis od-Dowleh (De Forough-o Saltaneh à Anisoddowleh), p. 155.

[4] Amãnat, Abbãs, «Nãssir al-Din Shãh», Encyclopédie de l’Islam, p. 1005.

[5] Nassiri Moghaddam, Nader, L’archéologie française en Perse, pp. 222-226.

[6] La Nouvelle Revue Française, Vol. 55, numéros 322 à 328, p. 120.

[7] Nãtegh, Homã, Kãrnãmaye farhangi-e farangi dar Irãn (L’évaluation culturelle de l’Occident en Iran), p. 41.

Source: Teheran.ir

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