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  • 12/8/2011
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L’influence du naturalisme européen

le diseur de bonne aventure. peinture à l’huile de kamal ol-molk, xixe s

   Les XVIIe et XVIIIe s. voient le déclin rapide de la miniature, marquées par une multiplication des styles et la forte influence du naturalisme européen, en particulier de l’école flamande du XVIIe s. Les artistes persans construisent les images avec la perspective conçue à la Renaissance, modèlent les corps, jouent avec les clairs-obscurs, et s’inspirent des représentations anatomiques de l’Occident.

Le portrait, jusque-là inconnu dans la tradition musulmane, fait son apparition. Les uvres se présentent souvent comme des syncrétismes étranges entre la sensibilité persane et des techniques occidentales.

   Mohammad Zamãn (XVIIe s.), qui se convertit au Christianisme, initia un style européanisant. Plus tard, Sani Ol-Molk (1814-1866), peintre de cour connu pour ses portraits, créa un style entièrement naturaliste, qui sera continué par son neveu, le fameux Kamal Ol-Molk (1849-1940).

Les peintres qãjãrs reprennent les thèmes safavides, comme les rieurs et les oiseaux ou la beauté d’hommes et de femmes jeunes, mais dans un style presque entièrement influencé par l’Europe et qui tend à un maniérisme doucereux, sensuel et sentimental.

   L’époque qãjãre connut la vogue des boîtes et des plumiers en papier mâché, peint et laqué. De nombreux portraits de rois et de dignitaires qâdjârs ont été peints à l’huile et sur chevalet. Introduite au XIXe s., l’imprimerie fait disparaître les livres copiés et enluminés à la main. Le dernier grand manuscrit illustré, un recueil des Mille et une Nuits, fut commandé par Nãser Od-Din Shah et terminé en 1859. Si les techniques de la miniature ont plus ou moins disparu, des peintres (principalement à Isfahãn) produisent toujours des images sur des feuilles isolées ou de l’os de chameau. Souvent académique, l’esthétique s’inspire surtout de modèles safavides. Au XXe s., des peintres furent influencés par les nouveaux courants picturaux de l’Europe (impressionnisme, symbolisme, etc.) et proposèrent parfois de nouvelles synthèses de l’esthétique traditionnelle et des avant-gardes occidentales. Le plus connu est Hussayn Behzãd (1894-1968), qui séjourna en France et qui mélange habilement l’héritage iranien, le réalisme et les techniques occidentales. Mahmud Farshchiãn s’inscrit dans une même lignée.

L’esthétique occidentale influence aujourd’hui beaucoup d’artistes, qui utilisent les outils et les références de la critique d’art moderne. Dans des galeries qui se sont multipliées depuis les années 1990, on peut voir pratiquement tous les genres (portraits, paysages, natures mortes, abstractions) et tous les styles (impressionnisme, cubisme, expressionnisme, surréalisme, etc.). Les grands courants de l’art contemporain (média-mixte, installations, vidéo) sont également présents en Iran.

Source: RINGGENBERG. Patrick, Guide culturel de l’Iran, éd. Rowzaneh, Téhéran, 2005, PP.163-164. 

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