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  • 31/8/2008
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Crise financière (7): question méthodologique

le monopole méthodologique

   Nous avons signaléque le paradigme théorique capitaliste était confronté à une crise morale sérieuse. Non seulement le système ne répond plus aux attentes qu’on lui a assignées, c’est-à-dire une croissante constante capable de maintenir un équilibre au sein du carré de Kaldor, mais il devient de surcroît incapable de formuler une réponse satisfaisante aux défis que lui lance la réalité économique, qui fonde pourtant sa légitimité épistémologique, sur la base de la méthode positiviste à laquelle il est étroitement associé.

La faillibilité épistémologique que sous-tend le falsificationnisme poppérien, la méthode ayant les faveurs des économistes aujourd’hui, implique que l’école néo-classique soit capable à la fois d’appréhender et de prévoir, mais aussi de solutionner les difficultés rencontrées.

    Or, le maintream économique est prisonnier de son modèle et, en déclarant qu’elle était "neutre par rapport aux valeurs" (L.Robbins), elle s’est privée d’apports extérieurs nécessaires à une renaissance.

   L’économie politique, selon la typologie proposée par John Neville Keynes, est ce qui fait le lien entre ce qui est (économie positive) et ce qui doit être (économie normative). Cela implique une volonté politique, c’est-à-dire une volonté assumée de changer la situation économique. Or toute volonté s’appuie sur un décalage entre un potentiel et une réalité, c’est-à-dire entre une situation économique réelle et une idéologie soutenue par une vision du monde. A réduire l’économie à l’économie positive, on se prive tout simplement de vision et par suite d’action.

Cet abandon de la volonté politique résulte du fameux slogan appelant au "laisser-faire, laisser-passer". En lieu et place d’un  programme politique s’impose la lubie d’une concurrence libre d’intérêts privés au nom de laquelle l’intérêt général est sacrifié sur l’autel de ceux qui ont le pouvoir d’imposer un équilibre au marché.

    Comme l’a fort bien souligné Polyani, le marché n’est qu’une manifestation de la volonté politique d’organiser l’offre et la demande sur la base de besoins réels. En déconnectant le marché de la réalité économique, on lui enlevait son fondement même, le transformant en un vulgaire lieu d’échange autorisant toute sorte de violences et de passe-droits.

   Le libéralisme se heurte alors au capitalisme qui lui livre un affrontement acharné. Les fondements mêmes du libéralisme constituent les obstacles contredisant la marche continue du capitalisme vers une domination marchande complète, c’est-à-dire un état plus ou moins achevé de monopole. Cette tendance a pu être retardée un temps grâce à la mondialisation, qui tendait à repousser les limites du marché en l’agrandissant géographiquement et substantiellement, assurant un équilibre précaire des facteurs de production sur la base des avantages comparatifs ricardiens.

Une fois l’expansion du marché achevée, le capitalisme n’a pu échapper aux contradictions qui l’avaient un temps allié au libéralisme contre la volonté politique incarnée par l’Etat.

    Une fois écartée cet obstacle politique, les valeurs mêmes de liberté revendiquées par le libéralisme s’opposent à la domination capitaliste.

le choix de la méthode

   La théorie économique est parfaitement incapable de rendre compte de ce conflit fondamental car son approche méthodologique s’appuie sur des hypothèses qui l’excluent d’emblée.

La concurrence parfaite, l’information parfaite, la non-intervention de l’Etat sont autant de crédo qui forment un paradigme idéologique intouchable, le véritable noyau dur de ce programme de recherche lakatosien.

    Dès lors, tout économiste osant défier ce cercle est qualifié d’hétérodoxe, une accusation valant excommunication définitive du groupe restreint des pontes auréolés par l’establishment…. (à suivre)

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